Le FMI renfloue les dettes des pays pauvres au profit des créanciers internationaux

Les chefs de banques centrales réunis la semaine dernière au symposium annuel de Jackson Hole, dans le Wyoming, se sont apparemment avérés incapables de trouver une solution adéquate pour stopper l’effondrement financier qui menace.

Donald Kohn, l’ancien vice-président de la Réserve fédérale chargé de la Supervision financière, a pourtant rappelé aux illustres participants que la bulle de la dette mondiale est estimée à plus d’un quadrillion de dollars (soit un million de milliards, ce qui fait un chiffre à 15 zéros), ce qui exige des actions immédiates de la part des régulateurs et législateurs. L’un des secteurs les plus exposés est la dette extérieure des pays pauvres, qui a proliféré à cause de la pandémie de COVID-19. Par conséquent, le Fonds monétaire international est discrètement intervenu le 23 août pour allouer à 215 pays membres 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS), pour tenter d’éloigner un effondrement.

Il s’agit essentiellement d’une tactique similaire aux programmes hyperinflationnistes d’« assouplissement quantitatif » adoptés par la Réserve fédérale et d’autres grandes banques centrales pour éviter l’explosion des dettes des entreprises et des ménages en Europe et aux Etats-Unis.

Si 650 milliards peuvent paraître une grosse somme, les DTS donnent simplement aux pays le droit d’emprunter leurs propres quotes-parts au FMI pour une période indéfinie, afin de rembourser les dettes extérieures sur lesquelles ces pays sous-développés seraient autrement obligés de se déclarer en cessation de paiement. Que va faire le FMI maintenant ? Il demandera sans doute aux nations fortes d’accroître leur quote-part afin de renflouer ses coffres, de même qu’il avait exigé 500 milliards de dollars du G20 en février 2009, suite au krach mondial de 2008.

En réalité, l’émission de DTS est une basse manoeuvre du FMI pour s’arroger l’autorisation de jouer le prêteur en dernier ressort des pays surendettés, en leur fournissant les recettes nécessaires pour rembourser leurs dettes aux méga banques et autres sociétés financières multilatérales. Cette astuce est un bon exemple d’argent fictif, contrairement au crédit. Fictif parce qu’il revient à voler de l’argent aux principales économies développées pour le redistribuer sous forme de nouvelle dette, destinée à refinancer des dettes insolvables. Cette pratique était d’ailleurs interdite par les accords de Bretton Woods, qui ont permis de maintenir un système monétaire international relativement sain entre 1945 et 1970.

La dernière fois que le FMI a voulu utiliser cette combine, c’était en 1982. L’économiste Lyndon LaRouche, bien connu des dirigeants des pays en développement qui lui faisaient confiance (malgré les menaces brandies contre eux par Henry Kissinger), leur fit alors comprendre que le FMI n’était pas en mesure de faire face à la « bombe de la dette » du tiersmonde. Il préconisait donc de la réorganiser complètement (comme l’avait fait Alexander Hamilton pour la jeune République américaine) pour en faire la base de nouveaux crédits destinés au développement économique. LaRouche avait raison : l’intervention du FMI fit effectivement exploser la bombe de la dette ! L’émission de crédit, sous forme de prêts productifs accordés par des nations développées souveraines à des nations en développement tout aussi souveraines pour financer le développement économique et l’industrialisation future, est encore aujourd’hui l’élément clé pour donner au monde la paix à travers le développement.