La vague de désendettement sur les marchés menace la « bulle universelle »

L’une des composantes clés de la bulle dite « everything bubble » car englobant tous les produits, est la Bourse américaine dopée par l’effet de levier. On assiste désormais à un renversement de tendance, avec un désendettement massif. La chute de la Bourse est similaire à celle de 2007, où elle a baissé semaine après semaine, mois après mois, avant de s’effondrer brutalement avec la crise d’insolvabilité de Lehman. Ainsi, le Dow Jones vient de vivre sa septième semaine consécutive marquée par des pertes à l’ouverture et en clôture. Le Wall Street Journal du 14 mai a reconnu que malgré le fort désendettement, les actions sont encore surévaluées.

En parallèle, le marché américain de l’immobilier et des instruments adossés aux hypothèques se heurte à une grave crise. Selon Jeremy Grantham, le fameux investisseur britannique, grand spécialiste des bulles spéculatives, qui avait prévu l’effondrement imminent de la bulle financière le 20 janvier (voir AS 5/22), la bulle du logement est au bord de l’explosion. Pour lui, le système pourrait survivre à un effondrement du marché des actions américain, mais pas à celui de l’immobilier. Le taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires à 30 ans a atteint 5,27 % la semaine dernière, fait-il remarquer, et la hausse devrait se poursuivre.

En fait, ce n’est pas tel ou tel marché spécifique, mais toutes les bulles qui sont menacées par la contraction de l’économie physique aux Etats-Unis. Cela se reflète dans la baisse du niveau de la dette de marge. Une dette de marge est créée lorsqu’un investisseur utilise une partie des actions qu’il détient comme nantissement d’un un prêt accordé par un courtier ou une institution financière afin d’acheter encore plus d’actions. La valeur des actions nanties doit se maintenir à un certain niveau, faute de quoi l’investisseur reçoit un appel sur marge de son courtier, lui demandant de fournir davantage d’actions en garantie. La dette de marge des investisseurs américains a atteint un pic de 936 milliards de dollars en octobre dernier, faisant monter le marché boursier. Mais depuis, elle a perdu 17 %, entraînant une accélération de la vente d’actions.

Dans une chronique du 13 mai, l’analyste Wolf Richter note que les actions de plusieurs dizaines d’entreprises très performantes ont ainsi perdu entre 70 et 95 % de leur valeur. Il donne les pourcentages de baisse pour certaines sociétés, dont :

  • Carvana, le vendeur de voitures en ligne ayant la plus forte croissance aux États-Unis, moins 90 % ;
  • Zoom, un géant des téléconférences en ligne, moins 79 % ;
  • Coinbase, l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies, moins 83 % ;
  • Lyft, deuxième fournisseur de services VTC en Amérique après Uber, moins 77 % ;
  • Redfin, l’un des plus grands courtiers américains en immobilier, moins 88 %.

et la liste continue. L’environnement est donc propice à une vague de faillites.

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