Sommet UE-Chine : un dialogue de sourds

A l’issue du sommet UE-Chine qui s’est tenu le 1er avril par visioconférence, l’économiste italien Michele Geraci, qui connaît très bien la Chine, a commenté : « Alors que le message [du président chinois] Xi était celui de la détente, [Ursula] von der Leyen et [Charles] Michel ont entonné le répertoire habituel, totalement inopportun aujourd’hui : droits de l’homme, Xinjiang, Taiwan, œuvrant ainsi contre la paix en Ukraine. Un désastre. »

Au moment où s’ouvrait le sommet, la présidente de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche était interviewée pour l’émission « Dialogue Weekend » de CGTN. Elle nota que l’UE avait déjà annoncé vouloir restreindre l’ordre du jour à la seule crise ukrainienne et amener la Chine à faire pression sur la Russie, alors qu’elle refuse de prendre parti. « Cependant, vu que l’économie dans l’UE est en chute libre, à quoi s’ajoutent la Covid et désormais les sanctions, l’Europe est loin d’être en position de force. »

En revanche, poursuivit Mme Zepp-LaRouche, « la Chine a une conception qui la rend apte, à mon avis, à un rôle de médiation : c’est l’idée du président Xi d’un avenir partagé pour l’ensemble de l’humanité. Il me semble que c’est la conception la plus importante aujourd’hui, alors que nous nous trouvons dans une situation stratégique plus dangereuse encore qu’au moment de la crise des missiles de Cuba. Ce dont nous avons besoin, et je pense que la Chine est dans une position unique pour cela, c’est d’une proposition de nouvelle architecture sécuritaire internationale qui tienne compte des intérêts de chaque pays sur la planète. »

En effet, au cours du sommet, Xi a présenté une proposition en quatre points pour contribuer à résoudre la crise ukrainienne : 1) promouvoir des négociations de paix ; 2) empêcher une crise humanitaire à plus grande échelle ; 3) favoriser une paix durable en Europe et sur le continent eurasiatique et 4) empêcher l’extension du conflit régional.

Plus important encore, Xi a averti que les sanctions (qu’il a qualifiées d’« instrumentalisation de l’économie mondiale comme une arme ») allaient provoquer « de graves crises au niveau mondial dans la finance, le commerce, l’énergie, la technologie, l’alimentation, l’industrie et les chaînes d’approvisionnement, entre autres », dont il faudra des années ou des décennies pour se remettre.

Comme dans un dialogue de sourds, Ursula von der Leyen a tweeté à l’issue du sommet que « le droit international ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine doivent être respectés. Par conséquent, la Chine, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a une responsabilité très particulière », avant de dicter ses ordres : « La Chine doit mettre un terme à ses mesures commerciales injustifiées contre la Lituanie ; lever les sanctions infligées contre des membres du Parlement européen ; répondre aux préoccupations mondiales en matière de droits de l’homme et de droit du travail, en particulier en ce qui concerne la situation dans le Xinjiang ; et améliorer l’accès et les conditions des entreprises de l’UE sur le marché chinois. »

Elle avait tenu des propos similaires lors de sa conférence de presse conjointe avec Charles Michel, après le sommet. On ne sait pas si elle a énoncé les mêmes injonctions lors de son entrevue avec Xi ou si elle les a ajoutés après pour faire bonne mesure. Mais ces propos dépassent les bornes, même venant de l’hystérique et hautaine Ursula von der Leyen.

Quoi qu’il en soit, Michele Geraci a commenté que lors de la conférence de presse de Mme von der Leyen, « nous avons eu la confirmation que 1) ils ne cherchent pas la paix ; 2) ils sont incapables de résoudre les problèmes ; 3) ils vont porter gravement préjudice aux pays membres ; 4) ils sont arrogants ; 5) ceux qui les soutiennent sont complices. »

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